Le temple de Konarak est dedie au dieu du Soleil, Surya. C'est un des rares temples dedie a ce dieu. Aujourd'hui a quelques km du rivage, il etait autrefois visible des marins comme en temoignent les multiples references a la Pagode noir par opposition a la pagode blanche designant le temple de Puri. En fait il ne s'agit pas de pagodes, element typiquement chinois, mais de la tour sanctuaire du temple de Jagannath a Puri et dans le cas de Konarak de son Jagamohana, la tour sanctuaire s'etant effondree.
Le temple n'est plus aujourd'hui en activite, le seul parmi les temples du soleil subsistant ou se deroule encore un culte est celui d'Arasavali, au nord de l'Andhra Pradesh.
Konarak est aujourd'hui un parc archeologique, classe Patrimoine mondial de l'humanite par l'UNESCO. A ce titre, l'entree y est de 10 roupies pour les indiens et de 5$, soit 250 roupies, pour les etrangers.

La premiere structure que l'on apercoit en arrivant sur les lieux est Natamandira, ou hall de danse, legerement posterieur au temple lui meme. Cet edifice temoigne de l'activite des Devadasis, courtisanes et danseuses sacrees, dans ce lieu.
Compose d'un haut soubassement a deux registres et d'un edifice a piliers accessibles par quatres volees de marches, une dans chacune des directions cardinales, la particularite du Natamandira est sa richesse sculpturale. Il est en effet entierement recouvert de danseuses aux postures les plus variees; et c'est a partir de ces representations que les choregraphes modernes ont re-invente l'Odissi, la dans classique de l'Orissa.
En depit de ses proportions imposantes, seul subsite du temple lui meme la salle des fideles a superstructure pyramidale, le jagamohana. La tour sanctuaire, inachevee ou effondree, se serait elevee a pres de 100 m de haut, en faisant le plus grand temple du style du Kalinga.
La conception et l'iconographie du temple, lies a la symbolique solaire, sont tout a fait originaux.
Le temple est en effet concu comme un char, vehicule a l'aide duquel Surya se deplace dans le firmament, tire par sept chevaux. Le temple repose sur une large base bordee de 12 roues ouvragees d'environ 1 m70 de diametre, 6 de chaque cote, se referant aux douze mois de l'annee solaire. Les sept chevaux font reference quant a eux aux sept jours de la semaine.


La frise d'elephants que vous pouvez apercevoir au registre le plus inferieur est en revanche un element commun a la plupart des temples. Les elephants ont pour vocation d'ancrer le temple dans la terre et de proteger ses fondations.
Une des particularites de l''iconographie a Konarak reside dans les images subsistant dans les decombres de la tour sanctuaire. En lieu et place des traditionnelles images de Ganesha, Durga, Karttikeya, communes au temple de Shiva, on trouve ici des representations de Surya, et de son cocher et fils Aruna,...

Les sculptures en chlorite verte remarquablement bien conservees se detachent nettement du temple aux teintes ocres et temoignent de la finesse et du talent des shilpin (sculpteurs) du 13eme siecle.
Un des elements ayant participe a la celebrite du temple est son grand nombre de scenes erotiques, vraisemblablement liees au contexte tantrique.

On rapproche souvent a ce titre le temple du soleil de Konarak des temples de Khajuraho. Certains guides locaux (a qui on aurait mieux fait de faire avaler leur carte de guide) racontent meme aux touristes que ce serait le meme le roi qui aurait bati les temples de Khajuraho et celui de Konarak.
En fait rien n'est plus faux, les temples de Khajuraho, s'echelonnant globalement entre le 9eme et le 12eme siecle sont le fait d'une dynastie localisee au centre du Madhya Pradesh, les Chandella.
Le temple de Konarak fut quant a lui bati au 13eme siecle par le roi Narasimha 1er, de la dynastie Ganga.
Selon la chronique conserve au temple de Puri, le temple de Surya aurait ete fonde par Narasimha peu de temps avant son couronnement avec pour fonds les tributs recoltes lors d'une guerre dans le sud. Son edification aurait dure 12 ans[1].
Dans la mesure ou le culte du soleil est souvent lie aux maladies de peaux, certains scientifiques pensent que le roi Narasimha pouvait souffrir d'une telle maladie.

A l'arriere du temple, un peu en retrait de la turbulence touristique, se trouve un petit temple en briques vraisemblablement plus ancien. Ce lieu calme est propice aux jeux et aux combats des singes qui gambadent joyeusement aux alentours.
En dehors de l'enceinte du temple du soleil se trouve un linteau aux dimensions colossales figurant les navagraha, les neuf saisisseurs, planetes et phenomenes astronomiques influant sur les destinees humaines. Il est possible que ce linteau ait appartenu a la tour-sanctuaire du temple du soleil.
Il est malheureusement quasiment invisible car enferme dans un edifice hideux, avec une foule agglutinee et de faux purohita (pretres) qui vous demandent une rancon pour beneficier des bienfaits des planetes.
On quitte Konarak par une petite route qui borde la mer, une petite plage sauvage bordee de coniferes ensables qui n'est pas sans evoquer les Landes.
Et en route pour Puri...

Notes

[1] 12 ans est un delai ideal pour l'edification d'un temple dedie au soleil puisque ce nombre correspond a l'achevement d'un cycle, il est donc possible que ce delai soit une duree symbolique plus que la duree reelle de la construction