Après un séjour à Pondichéry, me voici revenue dans le frimas européen.
Si l'on a un choc culturel en arrivant en Inde, après 3 mois d'immersion totale, on voit au retour son pays sous un oeil différent.
A vrai dire le choc n'a pas été aussi brutal dans la mesure où je suis passée par le sas de transition pondichérien, qui, s'il n'est pas tout a fait l'Europe, n'est pas vraiment non plus a l'image de l'Inde. C'est une sorte d'hybride reposante, en dehors du temps.
Voici néanmoins quelques impressions en vrac, les choses positives ou moins positives:

  • les matelas sont incroyablement moelleux.
  • Par contre mon appart et la salle de bain sont vraiment minus minus, c'était super mieux en Inde pour moins cher, en revanche il y a l'eau chaude.
  • La bouffe est fabuleuse, encore meilleure que dans mon souvenir (mais comme cette fois-ci j'ai pas mal profité aussi de la bouffe indienne, va quand même falloir que je fasse attention).
  • Si en Inde on ne picole pas en famille ou en bonne société ici ces exactement l'inverse et j'ai un peu de mal à éponger.
  • les rues, le bords des routes et la campagne sont incroyablement propres, pas de plastiques répandus à la ronde.
  • La vache, c'est ça l'hiver!!! J'avais un peu oublié, les arbres morts partout, le froid et pas d'espoir de soleil avant un bail, mais bon, on a le chauffage central ; )
  • On ne se fait plus arnaquer une fois sur trois quand on va chez un commerçant ou quand on prend les transports, mais au final je crois qu'on y perd quand même parce qu'ici TOUT EST HORRIBLEMENT CHER!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
  • Contrairement à ce que les gens redoutent au moment du retour, les gens d'ici ne sont pas taciturnes et sont très sympa. En revanche à Paris , mais aussi dans une moindre mesure dans le sud, les pauvres ont incroyablement mauvaises mine : les noirs ont grisâtres, les blanc complètement cadavérique. On sent que leur peau souffre du manque de soleil et du froid. Ils sont tous tristes et fatigués.
  • En même temps on comprend leur déprime, vite communicative. En Inde le pays est en pleine croissance et regorge d'opportunité. Ici c'est l'inverse, on est en pleine régression sur tous les domaines et il y a peu, voire pas, de raisons de se réjouir.
  • J'ai été moins choquée que je ne le croyais par l'omniprésence médique de Sarkozy. A vrai dire il est surtout présent dans les discussions et les craintes des gens.
  • Comme dans toute prémices d'installation de régime droitier (euphémisme pour être poli et ne pas faire flipper les gens), les nouvelles sont a l'insécurité et visent a maintenir les gens dans un climat lénifiant de terreur : Cikungunya, grippe aviaire, actes d'antisémitisme, direct, indirect, 2nd degrés, 3e degrés, 4e degrés, faut faire gaffe ça va vite, on fait une connerie et on se retrouve antisémite. En revanche les vannes contre les noirs et les arabes et leur assimilation à des barbares polygames, c'est pas grave...
  • J'avais un peu oubliée en Inde à quel point on est dans une époque de repli communautariste qui va balkaniser la république, le tout attisé par les politiques et les médias. Va t-on créer une communauté pour ceux qui n'en ont pas , les laïcs républicains? Faut peut-être créer le truc, toute origine et croyance, voir signe religieux ostentatoire accepté, dans la mesure ou on prend pas la tête aux autres...
  • Contrairement à l'Inde, on voit quand même pas les guru à la télé, à part sur KTO (télé catho, oui ça existe, je viens de découvrir la chose)
  • En fait, ce qui choque le plus dans les médias et la publicité c'est le quasi monopole du sexe, dans le journal, sur tous les magazines, dans les émission thématiques et ne parlons pas émissions de variété, mais dans ce dernier cas le problème n'est même plus qu'on ne parle que de cul, c'est que la vulgarité a supplanté toute forme de communication et que tout étincelle de vague activité cérébrale y est bannie. Non pas que le cul soit absent des problématiques indiennes, mais il reste quand même à un niveau secondaire, et les journaux ont le choix de traiter d'autres sujets. En même temps, ils sont parfois un peu hypocrites et puritains (ce qui est peut-être synonyme) sur la question. Mais faut croire que quand on a autant de temps pour se pencher sur sa libido c'est tout d'abord qu'on ne meurt pas de faim, et ensuite, soit qu'on ait pas de soucis à ce faire sur quelque autre sujet, soit qu'on est complètement décadent, ou soit a contrario qu'on évite de se pencher sur les vrais problèmes.

En dépit de cela j'ai quand même cette impression réconfortante, qui sera néanmoins vite oubliée, d'être rentrée à la maison. En dépit de mon apparence physique et du fait qu'on me prenait souvent pour une indienne, en Inde je restais une étrangère avec le sentiment que quoi que je puisse faire cet état de fait ne pourrait pas changer et que de toute façon , il y a tout un ensemble de choses qui me resterait étrangères et me maintiendrait dans ce statut : les superstitions, la vénération des guru vivants coiffés comme Michael jackson, la nostalgie de tout un ensemble de choses inhérente à ma culture originelle et dont je ne m'était pas rendu compte avant cette expérience indienne.
Dans le même temps je pense que dans quelques semaines la nostalgie de l'Inde va peut-être faire à son tour son apparition. J'ai eu aujourd'hui le malheur de regarder le 13H de TF1 et c'est vraiment désespérant.