Les médias annoncent en grande pompe que le CPE est retiré. Les organisations syndicales et lycéennes crient victoire. Dans les faits, le CPE deviendrait une aide à l’embauche pour les employeurs qui intégreraient dans leurs effectifs des jeunes de 16 à 25 ans de faible qualification, ou résidant en zone urbaine sensible ou titulaire d'un contrat d'insertion dans la vie sociale (Civis). Cette proposition est nettement plus cohérente avec la motivation de la loi sur l’égalité des chances qui faisait réponse aux émeutes des banlieus en novembre 2005.

Reste plusieurs points :

  • Dans un premier temps, le CPE serait transformé en une nouvelle aide fiscale aux employeurs. Rien ne prouve que cela sera suffisant pour répondre au chômage des jeunes dit en difficulté. Une politique en amont de formation pour permettre à la classe sociale visée d’intégrer de manière "régulière" le monde du travail me paraîtrait plus légitime.
  • Dans la loi sur l’égalité des chances, d’autres points que le CPE faisaient débats tel l’apprentissage à 14 ans avec le travail de nuit autorisé. Ces points-ci ne paraissent pas être remis en question.
  • Les anti-CPE avaient élargi leurs revendications au CNE et à la précarité en général. Pour l'instant, aucune réponse sur ces points là ont été apportés.

Si la crise sur le CPE n’amène pas une réflexion citoyenne et politique plus globale sur la précarité des jeunes et des moins jeunes, alors ces actions seront un échec. Le CPE est devenu un symbole, supprimer uniquement le symbole pour calmer la foule ne serait qu’une mesure économe sans ambition.

La démonstration de force des manifestants risque pourtant d'anesthésier toute volonté de réformes par peur de se mettre à dos l'opinion publique. Ceci n’est pas forcement souhaitable. Mais il est vraisemblable que rien d’important nous sera proposé avant les élections présidentielles de 2007.

Quant aux émeutes de novembre 2005, si la loi sur l’égalité des chances ne suffit pas, je suis rassuré car le député UMP Eric Raoult vient de proposer une loi visant à encadrer la dispersion et les débordements lors des manifestations et attroupements via des peines de prisons. Me voilà tranquillisé, les émeutes de novembres ont bien été comprises.