Dans son anti-manuel d'économie, Bernard Marris développait l'idée qu'en France les grandes fortunes et les grand groupes industriels ont tous bénéficié de l'aide de l'état d'une manière ou d'une autre. Le mythe du self-made man qui s'effondre en quelque sorte. On peut citer les allégements fiscaux qui à l'échelle d'un groupe génèrent de juteuses économies, les marchés d'états généreux voir complices, les législations sur-mesure, les très rentables privatisations ou la vente de patrimoine à prix défiant toutes concurrence.

Le délit d'initiés d'EADS illustre bien cette théorie. La Caisse des dépôts et consignations en rachetant des actions EADS a permit à Lagardère d'empocher une jolie plus-value avant la chute du cours[1]. Reste à savoir si l'état s'est fait piéger dans cette histoire ou s'il était complice de ce fils à papa à nos dépends. Mais le fait est que nos avons, par l'intermédiaire d'un état au mieux incompétent, participé à la fortune de Lagardère.

D'ailleurs rappelons qu'une fois devenu rentable, le groupe Aérospatiale a été privatisé et fusionné avec Matra (groupe Lagardère) par Jospin[2]. Mais sa création (remontant sous De Gaulle avec le CNES) et son développement fut à la charge des citoyens pour devenir ensuite un groupe qui a généré des profits pour des actionnaires privés. Et c'est encore le groupe Lagardère qui a bénéficié de la fusion entre Matra aérospatiale et 2 autres groupes qui donneront EADS.

Lagadere disait il y a pas longtemps :"J’ai le choix entre passer pour quelqu’un de malhonnête ou d’incompétent". Ce qui est acquis c'est qu'il n'est pas incompétent car tirer autant de bénéfices personnels avec nos impôts laisse admiratif.

Notes

[1] Précisons par honnêteté que seul un faible pourcentage des actions vendues par Lagardère et son groupe ont été rachetées par la Caisse des dépôts et consignations.

[2] Pour la petite histoire, c'était un ministre communiste aux transports et cela me fait mourir de rire: qu'un communiste, issu d'un parti qui a prôné la collectivisation des biens, privatise une entreprise publique.