La campagne de menace du syndicat de l'édition phonographique dont le slogan est "La musique gratuite à un prix" fut une attaque de front à la gratuité. Ce slogan revient à dire, que toute la musique leur appartient et qu'il faut la leur payer. Ce qui est totalement faux puisqu'il existe de la musique dans le domaine public ou protégée par des copyright autorisant, sous certaines conditions éventuellement, la diffusion gratuite. Mais la n'est pas le débat, la gratuité c'est du piratage et c'est le message à retenir.

Mais la gratuité existe avec ces militants. L'expérience bookcrossing consiste à faire circuler un livre de mains en mains par dons successifs. Une autre expérience préfère l'abandon d'ouvrage dans l'espace urbain [1]. Dans le même genre avec un appareil photo jetable où chaque possesseur fait un cliché avant de donner l'appareil à un autre. Au final, les pellicules développées offrent un travail collaboratif et anarchique.
Le don à l'étage (DAE) s'apparente à ce type de démarche. Mais les dons, CD par exemple, se font dans les présentoirs des grands disquaires à leur insu. Le tout avec un packaging indiquant clairement la gratuité du CD en opposition aux autres produits. Ce concept est bien sur transportable vers d'autres supports. Selon le responsable de la sécurité de la FNAC de Marseille, cette pratique est interdite et les responsables seront interpellés. Pour ce qui est de la légalité des actions, je serais curieux de voir quelle loi interdit le don (mais dans les lois, on trouve toujours ce que l'on cherche avec beaucoup d'interprétation et d'avocats). Pour ce qui de l'interpellation des donneurs, pour le coup c’est illégal. Un vigile n'a pas ce droit, réservé aux forces de l'ordre.

Le fait est que la gratuité fait peur. Mais la question serait: à qui fait-elle peur?
Il semble évident que les donneurs le font délibérément et que les receveurs n'ont pas dû beaucoup porter plainte. Mais alors qui cela peut-il bien inquiéter?
Les entreprises? Pourtant elles utilisent aussi la gratuité sous formes d'échantillons, chèques cadeaux, les 30% gratuit!, les quotidiens gratuits,.... Mais cette gratuité est différente. Les entreprises en gardent le contrôle et de plus elle n'est pas désintéressée. Cette gratuité (financée par les consommateurs) est utilisée pour habituer les consommateurs à choisir un produit ou à utiliser un service, pour faire de la publicité,...

Le monde marchand à la fâcheuse tendance à considérer les espaces alternatifs comme des manques à gagner. Si la santé, l'alimentation, les services publics, l'énergie sont des domaines, parmis d'autres, où l'ambition des entreprises doit être particulièrement surveillée, l'expression spontanée, citoyenne (et qui plus est non violente) comme le DAE, doivent être protégés des entreprises. . A fortiori quand cette expression n'est que la réponse à l'hégémonie capitaliste. En luttant contre l'expression populaire d'une forme de mécontentement, les entreprises se mettent en position de juges et partie.
Ce n’est bien sur qu’une facette de la volonté des entreprises d’investir dans tout les champs possibles de la société. Cette hégémonie n’est pas démocratique, le fonctionnement des entreprises ne sera jamais le reflet des attentes de la société. Par conséquent les initiatives populaires comme le DAE, ne sont que plus légitimes.

Notes

[1] Parfois avec humour: "Ravage" de Barjavel fut retrouvé dans un congélateur de supermarché!!