Le 21 octobre 2004, pour la 2ème année consécutive , la fête de l’entreprise est organisée. Bien sur, les salariés aiment assez peu leur entreprise quand elles décident unilatéralement de prolonger le temps de travail, quand elles licencient, quand elles redistribuent les bénéfices aux actionnaires au lieu de reverser le fruit du travail aux salariés. Les contrats précaires (intérim, partiel, CDD,…) non choisis ne doivent pas beaucoup aimer leur entreprise non plus. Mais oublions tout ça ! Un peu d’amnésie et beaucoup de fête!

Le joli site web de la journée "Jaimemaboite" annonce les festivités : Petits déjeuners, jeux-concours, journées portes ouvertes, murs de post-it, feux d'artifice, rencontres inter-entreprises, palmarès, expositions, lâchers de ballons, remises de cadeaux entre voisins de bureau, banquets, et autres festivités que vous ne manquerez pas d'inventer. Wharf! Quelle journée de folie!

Mais d’abord pourquoi fêter son entreprise ?
Selon les organisateurs, La Fête de l’Entreprise a pour objectif de saluer le rôle structurant de celle-ci dans la vie quotidienne des salariés.. Dans le genre démago, c’est une perle. En effet, si l’entreprise est effectivement un acteur social, elle se contrefout du rôle structurant, qu’elle pourrait tenir, envers les salaries. Bien au contraire.

Et qui soutient cette initiative ?

  • 16 personnalités dont un certain Jacques Chirac (un gars qui n’a jamais travaillé en entreprise), quelques grands fonctionnaires comme l’énarque Francis Mayer, des patrons de grandes sociétés ou le très fameux baron Ernest Antoine Selliere. La perle de la démagogie revient au PDG de NRJ qui évoque « les valeurs communes autours desquelles, patrons, cadres, et employés ont besoin de se retrouver ».
  • 8 employés dont Corinne, secrétaire de direction chez TF1, qui a porté le tee-shirt de l’opération tout l’été. Cette secrétaire paraît avoir beaucoup de temps de cerveaux humain disponible pour garder le même tee-shirt tout l'été.
  • 49 entreprises dont quelques grands acteurs sociaux comme Adecco Teleservices un des leaders du travail précaire ou France Télévision et ses intermitemps du spectacle.
  • Et en cynique partenaire, l'ANPE.

Si les entrepreneurs veulent que les salariés fêtent leurs entreprises, ce n’est ni avec des feux d’artifice ou des murs de post-it, mais en prenant en compte les revendications des salariés avec la même attention que celle des actionnaires, en luttant contre tout les contrats précaires, en considérant les salariés non pas comme une charge mais comme les forces vives de l’entreprise. Bref que globalement, le bon sens social soit aussi important que le bon sens économique.