Comme souvent, on a tout dit et surtout n’importe quoi : annulation de la dette des pays pauvres, un accord historique, le G7 efface la dette multilatérale, une ère nouvelle entre les riches et les pauvres du monde, un accord révolutionnaire.

Bien sur la réalité est moins idyllique. Tout d’abord, cet accord ne concerne qu’un nombre limité de pays[1]. Ensuite, une partie seulement de la dette est concernée : seul les crédits contractés auprès duFMI, de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement sont impliqué dans cet accord.
Sur une dette globale évalué à 2500 milliards de dollards, les pays en voie de dévelloppement se voient offrir 40 milliards par le G8[2]... Je crains que nous soyons loin de l' ère nouvelle entre les riches et les pauvres du monde.

Mais il y a une question qui m’obsède depuis cette annonce :

  • Quels ont été les critères de choix des pays bénéficiaires ?

Cette question est importante puisque aucun des pays concernés par cet accord ne font pas partie des pays les plus endettés en valeur absolue. Il n’y a aucune raison par exemple que l’Indonésie qui croule sous la dette ne bénéficie pas de la relative générosité du G7.

Tout d’abord à quoi sert la dette ? Outre le financement de fortune de dictateurs et de juteuses ventes d’armement, elle permet de maintenir les pays du sud sous la domination des pays industrialisés au travers des grandes structures qu’ils contrôlent tel que FMI, banque mondiale,… ou des créanciers plus ou moins privés.
Aujourd’hui cet outil de domination qu’est la dette est critiquée par un intense lobbying d’intellectuels ou d’ONG. Or, les crédits accordés dans la passé l’ont été en contre partie d’une série de mesures contraignantes imposés aux pays demandeurs tel que privatisation de l’exploitation de leurs matières premières, ouverture des capitaux aux investisseurs étrangers, etc. sous couvert de programme d’aide au développement qui ont pour conséquence de faire plonger un peu plus les économies des pays concernés.
Aujourd’hui donc la dette ne serait plus utile puisque les économies des pays en question sont massivement soumis au dictat libéral des pays industrialisés. Tel est la théorie, entre autre, de l’économiste africain Samir Amin pour qui la dette a obtempéré ses fonctions et la soumission au libéralisme extrême fonctionne désormais comme un moyen de drainage des ressources des pays en voie de développement.

Le sombre avenir des pays en voie de développement ne s’éclaircie pas avec ce coup d’éclat médiatique du G7. Les pays parfois récalcitrants aux recettes libérales comme l’Indonésie, la Bolivie, le Brésil par exemple sont, comme par hasard, épargnés par ce cadeau (empoisonnée ?).
La question maintenant est : quels sont les pays qui sortiront de la spirale de domination : ceux qui assumeront leurs dettes en limitant la mise en place de politiques économiques destructrices ou ceux qui joueront le nouveau jeu des pays riches ?

Note : Je conseille vivement la lecture de ce document Les chiffres de la dette 2003 qui regroupe une série passionnante de chiffres sur la dette des pays en voie de développement.

Notes

[1] Bénin, Bolivie, Burkina Faso, Ethiopie, Ghana, Guyana, Honduras, Madagascar, Mali, Mauritanie, Mozambique, Nicaragua, Niger, Ouganda, Rwanda, Sénégal, Tanzanie, Zambie.

[2] 20% de la dette des pays concernés et moins de 2% de la dette globale des pays en voie de dévelloppement.