L'exercice est un peu scabreux mais pourquoi ne pas comparer les deux catastrophes?

  • Le tsunami du 26 décembre 2004 a fait environ 220 000 victimes / Selon l'ONU, l'épidémie du Sida ferait 8000 morts par jours soit 240 000 mort par mois dont majoritairement dans les pays du sud. (source: Le Monde daté du 27 juillet 2005).
  • Le tsunami du 26 décembre 2004 a générer une déferlante médiatique sans précédent / En comparaison, l'épidémie du Sida se déroule dans un relatif silence.

Il est vrai que le tsunami a quelques "avantages médiatiques":

  • Spontanéité de la catastrophe: 220 000 victimes d'un coup
  • Efficacité visuelle: plages dévastées, vision apocalyptique

Mais à mon sens, la grande différence entre ces deux catastrophes est d'ordre politique. En effet, "condamner" l'horreur du tsunami, et de toutes autres catastrophes naturelles, n'implique aucune remise en question: il suffit pour être généreux et de s'apitoyer sur le sort des victimes. Alors qu'une réflexion autour de la pandémie du sida remet en cause:

  • le fonctionnement des laboratoires pharmaceutiques privés
  • le manque d'investissement dans le domaine de la santé de la recherche publique
  • les motivations des actionnaires qui va à l'encontre de l'intérêt du plus grand nombre
  • l'aspect meurtrier des brevets dans le domaine de la santé
  • l'hypocrisie de nos états à réellement soutenir les pays en voie de développement

Il est moins subversif de susciter de la compassion et de la générosité envers les victimes de catastrophes inévitables que de politiser les citoyens sur des problématiques où nos sociétés sont en partie responsables des catastrophes, tel le désastre du sida.
Si les médias traitaient avec la même insistance le problème du sida dans les pays en voie de développement, il me semble probable que la générosité (pas uniquement financière) dont les citoyens ont fait preuve lors du tsunami pourrait réussir à obliger nos démocratie à ne pas laisser mourir des millions de personnes.

Le tsunami a provoqué beaucoup de douleurs chez les victimes et leurs proches mais nous n'y pouvons rien.
La pandémie du sida provoque beaucoup de douleur chez les victimes et leurs proches et nous pourrions changer les choses. Mais chut n'en parlons pas, soyons criminel avec notre silence, car trop d'intérêts sont en jeu.

Rajout du 19/08/05: On pourrait remplacer tsunami par catastrophes aériennes et sida par paludisme qui tue 1 million de personnes par an alors qu'avec un traitement cette maladie n'est pas mortel