La France a présenté à l’ONU une proposition de taxe sur les billets d’avion afin de financer l’aide pour le développement (APD)[1].

Cette initiative, pas récente d’ailleurs, a priori généreuse n’est pas une si bonne idée. Tout d’abord parce que cette apparente générosité pourrait faire oublier que la France ne respecte déjà pas ses engagement pris à l’ONU de financer l’aide au développement à hauteur de 0.7% de son PIB. S’il manque des moyens, le pré-requis à toutes nouvelles mesures est le respect des engagements antérieurs d’autant plus que certains états dépassent leurs engagements de financement de APD promis à l’ONU.

Ensuite, si l’argent est nécessaire pour le développement des pays du sud, c’est loin d’être l'unique solution.

Prenons un exemple : Aujourd’hui il meure 1 million de personnes de paludisme dans le monde alors qu’il existe des médicaments empêchant ces décès. Une nouvelle taxe pourrait permettre de financer les traitements manquants (en fianncant par la même occasion les laboratoires pharmaceutiques). Le vrai problème est ailleurs : en ayant abandonnée la recherche publique aux laboratoires privés, les états n’ont plus de maîtrise sur le coût des médicaments les rendant inaccessibles aux plus pauvres. On pourrait entretenir cette dérive en finançant avec une taxe cet état de fait mais si les états reprenaient la main sur la recherche pharmaceutique, outre les économies en termes d’assurance maladie, on pourrait fournir à moindre coût les traitements nécessaires aux pays en ayant besoin.

Alors s’il faut taxer les billets d’avions, il ne faut pas oublier au préalable 2/3 points:

  • Respectons nos engagements public d’aide au développement
  • Arrêtons de soutenir les dictateurs à l’autre bout du monde
  • Stoppons les ventes d’armes aux pays en voie de développement
  • Remettons en cause l’indigne dette dont une partie est totalement illégitime
  • Laissons les richesses de ces pays financer leurs développements
  • Remettons en cause les brevets sur les médicaments et les coûts prohibitif des traitements vitaux
  • Stoppons toutes subventions de notre agriculture ou mieux remettons en cause l’hypocrite concurrence libre et non faussée
  • Intégrons un maximum de pays et donnons leurs une place légitime dans les institutions internationales
  • Respectons les règles internationales dans les pays du sud en terme de droits de l’Homme et d’écologie
  • et considérons l’aide au développement comme un outil pour aider les pays en ayant besoin et non pour arranger nos affaires personnelles

Créer une nouvelle taxe dans l’état actuel des rapports que l’on entretient avec les pays du sud ne ferait qu’aggraver les dérives qui font qu’aujourd’hui le niveau de vie de beaucoup de ces pays en voie de développement est plus faible qu’il y a 20 ans.

(J’ai lu un article d’un économiste africain, dont je ne retrouve plus les références, qui évoquait les problèmes lié à l’aide alimentaire. Selon cet économiste, les quantités d’aide alimentaire étaient proportionnelles à la quantité de récolte globale dans le monde. Donc lorsque les récoltes étaient bonnes, les pays du nord étaient plus généreux envers les pays du sud. La conséquence, c’est qu’une partie de cette aide en nature faisait chuter les cours déjà faibles poussant à la faillite les paysans locaux. Les années suivantes, le pays concernés étaient encore plus dépendant de cette aide.)

Notes

[1] Nouvel Obs