Mise à jour du 17/02/06: Attention ce post fait l'objet d'une correction importante disponible ici.

(Petite raconte sa vie en Inde et moi par jalousie je raconte donc mes vieux souvenirs!)

Un jour à Bhubaneswar, nous avions décidé d’aller au temple de Dhauli.

Le site de Dhauli se situe à quelques kilomètres à l'écart de Bhubaneswar. Situé sur une colline, un grand temple blanc construit par des japonais dans les années 70 abritent quelques représentations du bouddha plus anciennes ainsi que des panneaux relatant une épisode majeur dans l’histoire des religions de l’Asie.
L’empereur Ashoka (273 avant JC-232 avant JC) cherchant à dominer et organiser un grand territoire dans le sous-continent indien attaqua la région Kalinga (actuel Orissa). Cette conquête fut faite au prix de nombreux morts. La légende voudrait qu’un des fleuves soit devenu rouge par le sang des victimes. Devant cette horreur, l’empereur Ashoka finit par "voir la lumière" : il se convertit au bouddhisme qui est un système de pensée non-violent. En pleine gloire Ashoka abandonna alors les armes et travailla à la diffusion du bouddhisme. Son action, via l’envoi d’ambassadeurs, permit la diffusion des préceptes bouddhique dans une grande partie de l’Asie du sud-est. Et si aujourd’hui le bouddhisme est un mouvement très minoritaire en Inde, cette religion est depuis largement présente dans le reste de l’Asie du sud-est.

Indépendamment de la dimension symbolique de ce site, le temple présente peu d’intérêt. Malgré tout, ce site est un lieu de pèlerinage incontournable des touristes occidentaux et indiens. Comme dans tout temple touristique, les brahmanes locaux sont experts dans l’art d’extorquer quelques roupies au pèlerins et beaucoup plus aux étrangers… Le seul véritable intérêt concerne l’écosystème économique attenant au temple : une multitude de petites boutiques le long de ruelles étroites sur les chemin menant au temple qui offre un fourmillement de bruits et d’odeur spécifiques.


Bref, je disais donc que nous avions décidé d’aller à Dhauli. En fait quand je dis "nous avions décidé" je devrais plutôt dire que l’on a décidé pour nous. Car si nous avions déjà vu ce temple peu intéressant l’année dernière la question n’est pas là : on est en Orissa et on doit aller à Dhauli ; ça ne se discute pas...

Ce jour là, nous finissons par arriver à Dhauli tard dans la journée. Nous nous retrouvons donc en pleine nuit, sans éclairage public, dans le dédale de chemins escarpés pour accéder au temple. Nous arrivons enfin devant la grande esplanade dominée par le majestueux escalier d’ou descendaient un grand nombre de pèlerins. Ces personnes venus se recueillir utilisaient l’écran de leur téléphone cellulaire comme lampe de poche offrant la vison d’un procession de petits points lumineux dans la nuit noire accompagnés de rires. Image symbolique d’une Inde où se côtoient religion, tradition et Histoire avec l’un des symboles de la modernité : les GSM.

De mon coté, pauvre touriste dépourvu de téléphone portable, je me suis rabattu sur l’écran large de mon appareil photo numérique comme éclaireur…

Nous n’avons pas vu grand chose dans la nuit, nous nous sommes perdus, nous avons été délestés de quelques roupies mais nous avons vu Dhauli et sa procession de téléphones portables. Tout compte fait, cela en valait le coup.