Je dois admettre que je ne suis pas mécontent du tour que prends cette affaire. Alors qu’il y a quelques mois personne ne s’inquiétait de ce scandale en devenir, c’est aujourd’hui une affaire d’état qu’il va être très difficile de cacher.
Donc le bâtiment français attend dans les eaux internationales son retour en France une décision définitive de la cour suprême indienne qui devrait être officialisée le 17 février, jour de l’arrivée de Jacques Chirac en Inde.
En attendant, plusieurs procédures sont en cours :
- A Paris, le commissaire au gouvernement du conseil d'État a recommandé la suspension de la décision de transférer le Clemenceau en Inde jusqu'à ce que le tribunal administratif de Paris statue sur le fond.
- Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, a saisi la justice pour obtenir une enquête sur des irrégularités présumes dans le chantier de désamiantage partiel du Clemenceau par la société technopure. Cette enquête devra expliquer la disparition de 30 tonnes d’amiante.
- Une enquête est également en cours au niveau européen.
Le monde politique commence à s’emparer de l’affaire et Dominique De Villepin, 1er ministre, a admis que la situation est "regrettable" et qu’un retour en France du Clemenceau n’est pas écarté. Le porte parole de l'Elysée a nnoncé que Jacques Chirac s'est "saisi directement" du dossier.
Après les déclarations outrancières de nos responsable politique à propos de l’OPA de Mittal Steel sur Arcelor qui ont été particulièrement mal perçues par le gouvernement indien[1], l’affaire Clemenceau alourdit un peu plus les relations entre les deux pays. Au moment même ou Jacques Chirac doit se rendre en Inde pour signer quelques juteux contrats d’armement, il me semble probable que la France fasse un geste pour tenter de faire oublier cette sombre affaire. Les hasards du calendrier pourraient bien jouer en faveur des militants écologiques.
Dernière réflexion avant la suite des événements : Il y a quelques mois, seuls quelques médias écolo faisaient écho aux brèves lacunaires des "grands" médias. Aujourd’hui la machine médiatique s’emballe (voir l’éditorial du monde), on interroge les citoyens (voir l’enquête publiée par Libération. Bref aujourd’hui on parle de ce scandale et comme par hasard un revirement politique est aujourd’hui envisagé. Il est dommage d’attendre que certains médias considèrés comme influents traitent du sujet pour que cela deviennent une affaire d’état alors que des militants défendent un point de vue qui a été jusqu’ici ignoré et même méprisé par les autorités.
Le chronologue de Jean Véronis me permet d’illustrer cet emballement :