Cela fait des années que je me réveille avec la matinale de France Inter. Quand je dis des années je crois bien n'avoir quasi écouté que cela depuis que j'ai quitté mes parents.
Comme tout rituel j'y suis profondément attaché bien que très critique: combien de fois j'ai pu m'énerver du traitement de l'info ou des interventions d'un Jean-Marc Sylvestre ou d'un Bernard Guetta ? Mais il faut admettre que cela reste globalement un journal de qualité.
Ces dernières années, l'arrivée de Nicolas Demorand a offert à cette tranche horaire un nouveau ton plus jeune, plus iconoclaste. Ha, les interviews de Demorand qui répète sa question sans cesse jusqu'à ce que ses invités, souvent professionnels de la langue de bois, finissent par répondre ou se ridiculiser par leur trop évidente mauvaise fois furent de bons moments. Demorand et ses lectures, ses coup de coeur et sa communicative patate (le matin c'est utile).
Cette année, la matinale a été "égayée" par les chroniques de Guillon et de Porte qui ont provoqué pas mal de boxon; c'est rare et précieux pour un média mainstream. Je n'oublie pas non plus la chronique de François Morel dont la langue et l'insolence pleine de poésie m'a souvent profondément ému.
Oui cette matinale m'a offert de grands moments de radio depuis des années. Mais voila, Demorand a quitté France Inter, les humoristes ont été foutus dehors. Cette matinale doit se reconstruire une nouvelle identité. Je fait confiance à France Inter pour continuer cette aventure mais cela sera sans moi. Jean-Luc Hess, président de Radio France, aurait expliqué qu'il ne s'inquiétait pas trop de l'impact des polémiques Guillon/Porte/Val and Co sur l'audience considérant que les auditeurs ont une mémoire de poisson rouge.
C'est marrant mais ce cynisme (parce qu'il a du vrai dans ce point de vue) a le don de m'énerver profondément. Plus de matinale dès lundi juste pour faire mentir le valet du principal actionnaire[1] On verra ce que vaut le journal de France Culture, ou si Arte continue cette année a nous offrir des palettes à 7h30 cela est une bonne alternative pour se réveiller avec douceur et intelligence[2].
Notes
[1] Allusion au fait que Jean-Luc Hess a été désigné par Nicolas Sarkozy et que Philippe Val, président de France Inter, considérait que Nicolas Sarkozy était le principal actionnaire France Inter.
[2] Et puis je ne pourrais m'empêcher d'écouter sur le net la chronique de F.Morel puisque sa chronique a été reconduite .
