L’Inde a fait des pieds et des mains pour devenir membre permanent à l’ONU. Lors de la rencontre Chirac- Manmohan Singh, notre président aurait déclaré que cette ambition est une "légitime prétention[1].

Chacun sait que les déclarations de Chirac, menteur patenté, n’ont aucune valeur et ceci même avant son hématome cérébral. Alors, cette prétention est-elle légitime ?

Tout d’abord vouloir intégrer l’ONU, c’est crédibiliser cette institution ; or je suis partisan d’une critique agressive contre l’ONU non pas pour soutenir Bush et ses amis qui cherche à discréditer l’ONU à des fins égoïstes (unilatéralisme) mais en croyant à un salutaire électrochoc (l’espoir fait vivre). Le bilan de l’ONU est catastrophique ; les échecs sont de loin supérieurs aux réussites dont l'une des plus grave est l’invasion en Irak par les Etats-Unis qui a été légitimée après-coup.

L’ONU pose plusieurs problèmes struturels :

  • Les institutions de l’ONU sont à l’image de la situation géopolitique de 1945. Il est évident que le rapport de force des pays à la fin de la 2eme guerre mondiale n’a plus aucune actualité aujourd’hui.
  • Une réforme de l’ONU impose l’accord des membres permanent or il est évident que les 5 privilégiés ne partageront leurs pouvoirs que très difficilement.

Alors qu’en est-il pour l’Inde ? En tant que démocratie représentant près 1/6 de la population mondiale, ce pays est un état incontournable
Certains avancent des arguments dénigrant la démocratie indienne ; souvent justifiées, ces critiques ne doivent pas faire oublier qu’aucune démocratie n’est parfaite (il suffit de regarder les élections américaines de 2000). De plus, une dictature, la Chine, est membre permanent ; ce qui prouve que la démocratie est loin d’être un critère nécessaire.

Même si les intérêts et l’histoire de la Chine et de l’Inde sont très différents, si ces deux pays deviennent membre permanents, cela sur-représenterait l’Asie alors qu’aujourd’hui aucun pays d’Amérique latine, d’Amérique du sud et d’Afrique ne sont représentés.

Le gros point fort de l’Inde, c’est d’être un pays en voie de développement. La majorité de la population mondiale vivant dans des pays de ce type, il est obligatoire de les intégrer dans les institutions internationales comme l’ONU. Or, l’Inde comme le Brésil, sont assez puissant pour faire office de contre-poids à l’hégémonie des pays industrialisés. On a déjà vu des accords à l’OMC échoués ou la remise en question des brevets pour les médicaments grâce à ces pays. Offrant une alternative, certes relative, aux imposées par les pays industrialisés, l’intégration de l’Inde, ou du Brésil, à l’ONU permettrait de défendre une vision réellement multilatérale du monde.

Pour finir, les plus gros contributeurs des forces de l'ONU devraient naturellement tenir un rôle privilégié. Or les pays participant le plus aux forces de l'ONU sont l'Inde avec le Bangladesh, le Pakistan, l'Éthiopie[2]. Cette liste laisse rêveur..

L’ONU ne changera pas. L'ONU n'a pas changée : ses membres permanent sont toujours les plus grand vendeurs d’armes, sa charte restera une déclaration d’intention sans aucune application réelle; et tant que l’ONU s’appuiera sur les états les intérêts nationaux prévaudront toujours sur l’intérêt commun.

Notes

[1] matin.qc.ca

[2] "Enquête sur la réforme des Nation-Unis" Samantha Power. Le Monde diplomatique septembre 2005.